HUMOUR I POUR QUE CHAQUE JOUR COMPTE


P A R   R É G I S   P .   -  2 2 . 0 1 . 2 0 2 4

(c) https://www.tonylumbroso.fr
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C'est un jour à marquer d'une pierre blanche pour Tony Lumbroso qui, près de douze ans après avoir foulé les planches pour présenter son premier seul en scène co-écrit jadis et d'ores et déjà avec le réalisateur quimpérois Fabrice Renard, réitère cette collaboration pour l'écriture de ce spectacle cent pour cent intimiste et dans lequel il y a mis toute son âme. Et c'est en ce Lundi 15 Janvier à 21h15 pétantes que son nouveau spectacle, muni d'un titre ô combien accrocheur mais aussi énigmatique, " Pour que chaque jour compte ", entrait en scène sur la commune de Plomeur ( à ne pas confondre avec la ville éponyme du Morbihan, parole de Bigouden ! )

 

Au sein de notre magazine Kactus, il serait ô combien incongru de présenter Tony puisqu'il fut le créateur du projet de magazine que vous lisez présentement, le créateur de l'association «  Access Interactive «  dont il fut par ailleurs le président à nos côtés durant plusieurs années avant de passer le flambeau à Virginie Vauloup, mais aussi le rédacteur en chef du magazine digital que vous tenez entre vos...non pas vos mains mais plutôt votre souris ou dans votre tablette / Smartphone. Il s'avère parallèlement un camarade avec lequel nous continuons de collaborer avec plaisir dans l'enceinte de la structure associative où nous défendons conjointement et partageons des valeurs communes autour de la culture et de sa valorisation sous toutes ces formes.

 

 

LA TULIPE : UN GAGE DE QUALITÉ


(c) Régis P.
(c) Régis P.

C’est pourquoi il était évident que nous serions présents le jour J, d'abord pour le soutenir dans cet incroyable saut dans le vide qu'il s'apprêtait à faire, mais aussi pour couvrir cet événement et relayer ces informations dans votre magazine, l'occasion pour nous de vous en dévoiler quelques détails croustillants en exclusivité mais aussi vous transmettre un avis sincère, la langue de bois n'étant d'ailleurs pas mon point fort ( j'ai déjà essayé mais pour savourer une glace, ce n'est pas pratique ), mais toujours agrémenté de bienveillance et de grand respect pour l'artiste qui n'a pas hésité à livrer, à cœur ouvert, son conte humoristique comme il le décrit lui-même, dépeignant sa propre histoire personnelle, et ce non sans un certain humour, oscillant entre plusieurs styles que nous allons décortiquer sans plus tarder.

 

Commençons par le choix du lieu pour se produire, à savoir le restaurant la Tulipe, située à Plomeur, le fief bigouden de l'humoriste qui y vit depuis plusieurs années. Je vais d'ailleurs m'autoriser une légère digression en mode «  TripAdvisor «  pour vivement conseiller à tous les amateurs d'une cuisine raffinée alliée à un cadre chaleureux, convivial, atypique et dont les tables sont suffisamment éloignées les unes des autres pour pouvoir profiter d'un repas tout en discutant tranquillement et étant assuré de ne pas raconter votre vie à de parfaits inconnus ( qui ne sont pas forcément parfaits du reste et qui pourraient alors révéler vos sombres secrets, fin de la parenthèse )

 

La salle choisie pour accueillir ce spectacle, à l'écart du restaurant en lui-même qui est fermé comme tous les Lundis soirs, permet d'avoir une jauge approximative de trente spectateurs, ce qui est amplement suffisant pour le coup d'essai auquel je m'apprête à assister. Les sièges sont bien alignés deux par deux ce qui permet de disposer d'une allée centrale qui sera fort utile pour l'arrivée nécessairement spectaculaire de la vedette du show puisqu'il ne peut vraisemblablement pas se dissimuler derrière les rideaux, cela signifierait qu'il se mure... contre une cloison !

 

L'espace scénique s'avère quant à lui relativement étroit et surtout il n'y a guère d'estrade donc l'artiste va se retrouver nez-à-nez avec les premiers spectateurs, en l'occurrence moi puisqu'une amie qui m'accompagne m'a gentiment gardé une place au premier rang. Un grand Merci à elle si elle lit ces lignes ! Tout ceci pour signifier ma plus grande admiration à l'égard de Tony pour être parvenu à surmonter ce public à une telle proximité ( je n'étais point équipé de mon mètre-ruban, mais je dirai qu'approximativement un mètre maximum nous séparait ), et je ne parle même pas du fait qu'il n'y avait pas de véritable lumière de projecteurs qui, ayant tendance à être aveuglants lorsque l'on se trouve sur scène, ont le mérite de créer une sensation d'obscurité en direction du public, ce qui aurait évité à notre artiste d'apercevoir des visages familiers, et le moins que l'on puisse dire est que le public ce soir-là n'en était pas dépourvu. Alors pour avoir maintenu sa concentration dans ces circonstances, chapeau bas !

 

UN PERSONNAGE HOMMAGE


(c) https://www.letelegramme.fr/finistere/pont-l-abbe-29120/plomeur-lhumoriste-tony-lumbroso-revient-avec-un-seul-en-scene-a-domicile-6499471.php
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Désormais, entrons dans le vif du sujet, à savoir ce moment si attendu, aux alentours de 21h15, où la lumière de la salle s'estompe pour ne laisser place visuelle qu'à un seul et unique élément éclairé : l'écran d'un vidéo-projecteur. En effet, Tony Lumbroso a pris le parti de démarrer les festivités en diffusant un court-métrage, réalisé par Charles Jeannès, qui retrace la quête d'un jeune homme blessé à la tête pour trouver des secours mais qui semble perturbé par ses visions obscures d'un certain... Arlequin !

 

D'abord évoquons la qualité visuelle de ce film d'introduction : la réalisation est soignée, les cinématiques sont de qualité et les effets font plaisir à voir. C'est du plus bel effet et j'en profite pour souligner et féliciter le travail dantesque fourni par Charles Jeannès pour ce court-métrage qui met en lumière deux personnages distincts, d'abord Tony Lumbroso, qui semble avoir subi un choc à la tête et arpente les rues jusqu'à se retrouver au bloc opératoire... de ses parents, en 1989, lorsque ces derniers l'ont vu naître, et en parallèle un personnage issu de la Commedia Dell'arte, le dynamique bouffon Arlequin, celui-ci semblant servir de guide au héros dans sa quête.

 

Je vais être totalement transparent avec vous : si j'ai hautement apprécié l'aspect visuel du rendu filmé, je n'ai pas forcément compris le lien entre le personnage de Arlequin et le reste du spectacle. En réalité, c'est en lisant récemment une interview que le comédien a donné pour une gazette locale que j'ai découvert qu'il s'agit d'un hommage à sa grand-mère qui adorait ce personnage haut en couleurs, grand-mère qui est à l'origine de la grande passion de Tony pour la scène, et pour le théâtre en particulier puisqu'elle était la cofondatrice du Théâtre de l'Epée-du-Bois à Paris. L'hommage est donc plus qu'intéressant mais il pourrait être judicieux que celui-ci soit plus explicite aux yeux des spectateurs car je ne suis pas le seul à ne pas avoir saisi le lien subtil.

 

Evoquons à présent l'arrivée, l'entrée en matière de l'humoriste qui arrive vêtu du costume de Arlequin et ce à l'issue du clap de fin du court-métrage. Il retire aussitôt sa panoplie pour se montrer tel qu'il est face à nous, à savoir un jeune comédien qui se lance dans l'arène pour un spectacle sans filet d'une bonne heure ( je dirai même une heure quinze car la caméra qui devait enregistrer la totalité du show s'est arrêtée bien avant, mais c'est aussi l'essence du direct. )

 

Toujours est-il que Tony a pris le parti, pour illustrer plusieurs moments de sa vie puisqu'il le spectacle se veut également autobiographique bien que volontairement caricatural, d'utiliser des photos personnelles qui permettent de mettre un visage sur certains des protagonistes évoqués durant son récit. Mais pour l'heure, place à l'une des plus grandes difficultés lors d'un seul-en-scène démuni de chauffeur de salle, animer celle-ci dès les premières secondes afin de donner le ton !

Là encore, bien qu'il certifie à son public qu'il s'agit d'une première pour lui aussi et qu'il n'y va pas sans faille ni muni d'une folle confiance en lui, force est de constater qu'il excelle dans l'art de capter son public et que ses expériences passées au sein de la radio sont un gage d'assurance et de qualité d'orateur. Tony maîtrise l'attention de son public et parvient sans difficulté à conserver cet intérêt durant la totalité du spectacle, n'hésitant d'ailleurs pas à réaliser de courtes pauses pour prendre la température de la salle, au sens propre du terme comme au figuré ( afin de s'assurer que nous n'ayons ni trop chaud ni trop froid, il faut dire dire que le spectacle s'est tenu durant un épisode de grand froid comme se complaisent à proclamer les météorologues télévisés... ) ,et globalement, tenir seul sur scène durant plus d'une heure sans faiblir en intensité, c'est un véritable exercice de style qu'il réussit haut la main. Là encore, bravo à lui !

UN TALENT INNÉ


(c) Régis P.
(c) Régis P.

Concentrons-nous à présent sur la quintessence du spectacle, lequel retrace avec une verve atypique et un humour personnalisé le parcours de Tony, celui-ci livre tout aussi bien ses échecs que ses réussites, le tout dans un univers décalé et sciemment caricatural. Il endosse pour ce faire tous les rôles durant le show : le sien bien sûr mais aussi celui de lui étant enfant, celui de son père, de sa mère, de son frère, de ses ex ou encore de protagonistes qui nourrissent son spectacle, et là encore, il assure dans cet exercice qui allie l'interprétation des personnages et les imitations vocales, le tout en ne faisant jamais faiblir l'intensité de son jeu. C'est une réussite !

 

Tony utilise par ailleurs les réactions du public à bon escient et entend bien, comme il l'a explicitement exprimé lorsqu'il était sur scène, modeler son spectacle en fonction de ce qui marche et de ce qui ne marche pas car, en humour tout particulièrement, il faut tacher d'être le plus pertinent et ça l'artiste adepte de la communication le sait fort bien. La séance à laquelle j'ai assisté peut alors s'apparenter à une sorte de «  crash-test «  afin de valider la trame du spectacle ainsi que son bon déroulement.

 

Néanmoins, je ne vais pas vous mentir, je n'ai pas adhéré à l'intégralité des blagues du spectacle et je me dois de vous transmettre un avis impartial et objectif de l'ensemble du spectacle en commençant par vous apporter la précision que je suis bien loin d'être sensible à l'humour qu'affectionne Tony, ainsi il est de mon devoir de juger son art sur son ensemble, et non pas sur une appréciation personnelle. Ce qui du reste ne m'a pas empêché de sourire lorsqu'il a dépeint l'une de ses ex, que je connais personnellement, avec le pseudonyme de «  Mayo «  par souci de confidentialité, tout en relatant une anecdote dont j'avais d'ores et déjà eu vent, et ce de façon tellement scénarisée que je ne la comprenais même plus. Et bien sûr, comme l'ex en question figurait dans la salle et n'a pas pu s'empêcher de réagir lorsqu'elle a compris qu'il allait parler d'elle en la présentant comme une adepte de la patate douce, elle s'est esclaffée et cela n'a pas perturbé notre artiste seul en scène qui a utilisé cette réaction à son avantage. 

 

Si je dois dresser quelques bémols de cette soirée événementielle qui s'avérait être, nous le savons, un galop d'essai pour un spectacle en rodage, j'émettrai une réserve sur certaines situations racontées qui font figure de "private joke", pas suffisamment éclairées pour que le spectateur externe saisisse toute la subtilité de son propos. Je me suis aussi interrogé sur l'essentialité de connaître personnellement Tony pour mieux comprendre certaines boutades ou même certains points de détail qui ne transparaissent pas lorsque l'on ne maîtrise pas le contexte de A à Z ( j'ai notamment reçu des explications d'une amie après le spectacle qui elle en savait davantage )

D'autre part, j'ai considéré ( mais peut-être n'est-ce que moi ? ) que l'ensemble manquait d'une petite ambiance musicale, et plus particulièrement avant le démarrage puisqu'il y avait de l'attente avant l'entrée en scène de Tony. Je rajouterai deux petites choses qui m'ont un tantinet perturbé : bien qu'il existe un fil rouge sur l'écriture de son spectacle, j'avoue m'être senti un peu égaré par moments et surtout... j'ai trouvé, mais là encore il s'agit d'un sentiment personnel, qu'il y avait quelques blagues qui ne rendaient pas hommage au talent indéniable de Tony en tant qu'humoriste ( mais bon, là encore, c'est moi qui suis réfractaire à un certain style de blagues, et cela n'altère en rien la qualité de sa prestation. )

 

LA TOURNÉE DÉMARRE !


(c) Régis P.
(c) Régis P.

 

En définitive, je salue grandement Tony pour sa prise d'audace car il en faut pour se jeter à corps perdu dans un seul en scène, telle une mise à nu devant un public, je salue aussi son travail car on voit que l'ensemble du spectacle n'est pas improvisé et chaque blague, chaque réplique, chaque détail est longuement travaillé et abouti. Enfin je salue Tony pour son talent inné du spectacle. C'est un homme de la scène et il démontre sans difficulté aucune au travers de cette grande première qu'il y est à sa place.

 

En conclusion, je vous conseille vivement d'aller voir ce spectacle qui se joue à guichets fermés à raison d'un Lundi sur deux jusqu'au mois de Juin 2024 afin de vous faire votre propre impression, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle je ne vous ai pas dévoilé davantage de détails, et je m'abstiendrai même de vous préciser que le final en lui-même vaut largement le déplacement et ne peut laisser indifférent ! ( C'est bon comme teasing, Tony ? )

 

PRATIQUE

 

Pour effectuer vos réservations : https://www.tonylumbroso.fr/

 

Prochain spectacle le Lundi 29 Janvier, toujours à la Tulipe de Plomeur.

 

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