CINEMA I "LE CONSENTEMENT" : UNE ŒUVRE BOULEVERSANTE !


P A R   V I R G I N I E  C O R D I E R  E T  R É G I S   P E N H O E T  -  2 0 . 1 1 . 2 0 2 3

Les AVIS DE LA RÉDAC : NOUS AVONS VU LE FILM !

(c) https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=285420.html?fbclid=IwAR1Kt-HidnFbAoq-0SYEUm2NgAnd3HvmX8c4TINod7I9k6w3EURwLL78YFc
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VIRGINIELe récit autobiographique de Vanessa Springora, raconte son expérience d’une relation avec l’écrivain russe Gabriel Matzneff dans les années 1980, alors qu’elle était mineure. Il a été adapté au cinéma trois ans après la parution de son roman poignant et courageux. Il apporte une réflexion troublante sur le consentement et l’abus de pouvoir.

 

J'ai trouvé l’interprétation de l’écrivain Gabriel Matzneff par Jean-Paul Rouve est tout simplement magistrale, lui que l’on a plus souvent l’habitude de voir dans des comédies que dans des drames. J’ai également découvert le magnifique jeu de scène de Kim Higelin que je ne connaissais qu’en tant que « petite-fille de ».

 

 Le découlement du film nous montre la descente aux enfers de Vanessa et les séquelles qui restent plusieurs années après. Il souligne la souffrance des abus et du mal-être profond, ses conséquences pouvant mener jusqu’à la folie face à la perversité de l’écrivain russe. J’ai été particulièrement mal à l’aise, lors de la première scène d’approche entre les deux protagonistes dans l’appartement de Gabriel Matzneff.

Ce film expose les mécanismes de manipulation et d’abus de pouvoir qui ont permis à cette relation illégale de s’établir et de poursuivre pendant des années. À travers son témoignage, Vanessa Springora dénonce la complicité collective ayant permis à des comportements répréhensibles de perdurer sans être inquiétés. Le Consentement, par son impact, souligne l’urgence autour des abus, permet de sensibiliser le public et de créer un environnement propice à des relations saines et respectueuses.

LE PARALLÈLE AVEC LES AFFAIRES VIVES OU POLANSKI


(c) https://www.sudouest.fr/culture/cinema/cinema-le-consentement-une-charge-implacable-contre-matzneff-et-ses-soutiens-17008918.php?fbclid=IwAR08ZH8HOsgpwvVfQLNmUodHb63KVJlluvp9ZfFVDIbPlWGXYIKxELoYELo
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Lorsque l’on a connaissance des immondicités décrites dans l’extrait du livre de Gabriel Matzneff, lu par Jean-Paul Rouve, nous pouvons aisément revenir à l’affaire Bastien Vivès du début de cette année. Bastien Vivès, auteur de bandes dessinées à caractère pédopornographique, était l’invité d’honneur lors de la cinquantième édition du festival de la bande dessinée d’Angoulême. Grâce à la dénonciation de plusieurs associations féministes et de protection de l’enfance, ainsi qu’à la mise en place d’actions de prévention, le festival a dû annuler sa venue. À la suite de cette affaire médiatique, Bastien Vivès (tout comme ses deux maisons d’édition) a d’ailleurs été visé par une enquête pour diffusion d’images pédopornographiques dans certains de ses ouvrages. Preuve en est qu’en 2023, nous pouvons donc encore, publier des livres faisant l’apologie de l’inceste ou de relations sexuelles avec ou entre jeunes enfants. Cela met donc en lumière le déséquilibre de pouvoir entre un artiste et ses admirateurs et souligne l’ampleur de ce problème insidieux qui traverse différentes industries et milieux artistiques.

 

Le Consentement est un rappel puissant de la nécessite d’une éducation sexuelle inclusive qui aborde le consentement, les limites personnelles et la responsabilité mutuelle. Il est primordial de sensibiliser les jeunes générations et de leur fournir les outils pour reconnaître la toxicité d’une relation afin de prévenir les abus, mais surtout de donner une voix aux victimes. Cela nécessite une introspection collective et une remise en question des normes culturelles qui peuvent favoriser les comportements non consentis.

Ce film nous rappelle l’importance de remettre en question l’autorité des artistes et de toute personne dotée d’un pouvoir disproportionné dans les relations intimes. Il met en évidence la nécessité d’une culture du consentement éclairé, qui encourage la communication ouverte, le respect mutuel et qui refuse de tolérer les abus.

 

À titre personnel, j’ai trouvé ce film poignant et magistralement interprété. On ressent toute la douleur de la jeune Vanessa. On m’a dit « Je ne comprends pas comment on peut aimer ce genre de film ». J’ai envie de répondre qu’outre le fait que l’on peut effectivement voir le côté voyeurisme, ce genre de film résonne dans un premier temps comme une thérapie pour son auteure mais aussi et surtout qu’il n’y a pas que l’histoire en elle-même qui est à retenir, mais le jeu des acteurs qui ont su interpréter leur personnage (ici réel) et toutes les facettes et les mécanismes psychologiques leur incombant. Après avoir visionné ce film, nous sommes appelés à réfléchir, à agir pour une société qui prônant le respect et le consentement éclairé afin que ce récit de douleur devienne un appel à l’action pour la prévention des abus.

LE CONSENTEMENT : UNE VOIX QUI BRISE LE SILENCE


(c) https://www.lanouvellerepublique.fr/a-la-une/cinema-jean-paul-rouve-incarne-la-salete-matzneff-pour-parler-du-consentement?fbclid=IwAR13y9Yr7Qc9kJwVTRosivGE029T0PfNi28L36Oew_zIJsuEuRXQiSEAIJo
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RÉGIS - Un Samedi soir pluvieux, pas envie de chercher pendant des heures LE programme parfait sur Netflix et me voilà soudainement pris d'une folle envie cinématographique compte-tenu du sujet abordé : me rendre au Katorza pour assister à une séance ô combien singulière et pas des moindres : Le Consentement.

 

Ce film, j'en ai d'ores et déjà entendu parler par le biais d'interviews de deux des comédiens vedettes de la distribution, à savoir Leatitia Casta qui joue le rôle de cette mère totalement dépassée par la situation, un mère un tantinet permissive et au comportement inconsciemment toxique vis-à-vis de sa jeune fille, qu'elle ne parvient pas du tout à protéger de l'emprise de cet homme particulièrement malsain, cet écrivain incarné par le très populaire acteur Jean-Paul Rouve, méconnaissable physiquement et surtout dans son jeu d'acteur absolument exceptionnel !

 

Pour évoquer cette qualité et cette finesse du jeu d'acteur de Jean-Paul Rouve, qui s'est embarqué à ne pas en douter dans le rôle le plus sombre de sa carrière, je ne peux que vous citer en exemple l'expérience que j'ai vécue il y a quelques années, et le terme expérience n'étant point galvaudé ici tant elle fut enrichissante. J'entends par là sa prestation, somme toute honnête la question n'étant pas là, dans la comédie les Tuche ( j'avoue que pour le coup j'emploie le terme comédie avec des pincettes ) car je me rappelle que d'une seule chose dans ce film porté par le duo Nanty / Rouve où ce dernier était supoosé se présenter aux... présidentielles, c'est de ne pas avoir ri une seule fois, sauf peut-être à la simple idée que j'étais censé trouver ça hilarant, en vain.

 

 

Tout ceci pour faire la correlation entre le jeu diamétralement opposé de Jean-Paul Rouve sur ces deux scénarii sachant que, je dois vous l'avouer, il m'a tout autant agacé dans son rôle de Jeff Tuche, cerné de pitreries, que dans celui de Gabriel Matzneff, cet écrivain odieux, imbu de sa personne et surtout d'une perversité sans nom. Mais il va de soit que je tâche de bien faire la distinction entre les différents personnages qu'il interprète et son indéniable talent d'acteur qui, rendons à César ce qui est à César, est grandement à saluer dans cette incroyable prestation qui demeurera à coup sûr gravée dans les mémoires des spectateurs.

 

Je rebondis d'ailleurs sur les propos que l'acteur a tenu dans les différents interviews auxquelles il a répondu dans le cadre de la sortie de ce long-métrage pour exprimer sa profonde difficulté à dissocier, le soir venu lorsqu'il rentrait chez lui, sa propre vie de celle de l'écrivain tant il est indispensable, pour un acteur et ce quel que soit le rôle, de s'investir pleinement dans son personnage, de comprendre sa psychologie, de défendre ses intérêts, en un mot de l'aimer. Et il a souligné à plusieurs reprises que c'était la première fois qu'il s'était retrouvé dans cette situation plutôt insolite voire paradoxale d'endosser le rôle d'une homme qui le répugnait au plus haut point et de devoir malgré tout l'interpréter avec toute la justesse et l'équité que tout acteur doit à son personnage. Je ne suis pas un fan inconditionnel de cet acteur, notamment à cause des rôles qu'il a porté jusque-là, mais indéniablement, je suis admiratif du travail et de l'investissement émotionnel nécessaire pour interpréter un rôle aux antipodes de ses convictions avec une tel talent. Chapeau bas ! 

DES ACTEURS REMARQUABLES AU SERVICE D'UNE SUJET LOURD


(c) https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/10/11/le-consentement-auscultation-implacable-d-une-emprise-pedocriminelle_6193729_3246.html?fbclid=IwAR2WifkmVN29bAy9ioTWgCiZza-8ne_QNNsR4X-yI-qSERCh04bZwp0DzaU
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 Puisque l'on aborde la qualité de jeu des comédiens, il me revient la responsabilité d'évoquer les deux autres héroïnes, magistrales figurant dans ce chef d'oeuvre bouleversant, à savoir Laetitia Casta, que je connaissais essentiellement en tant qu'ex-modèle de Jean-Paul Gaultier et pour sa prestation remarquée dans la série télévisée « La bicyclette bleue « , référence qui ne me rajeunit pas cela dit en passant, et qui excelle littéralement dans le rôle de cette mère de famille monoparentale qui oscille entre véritable fascination pour l'écrivain qu'est Gabriel Matzneff, tentatives désepérées d'agir dans l'intérêt de sa fille et de la protéger, difficultés à régir sa propre vie et jalousie de visualiser sa jeune fille vivre ce qu'elle souhaiterait encore vivre, à savoir être jeune et désirée pour se sentir vivante.

 

La prestation de Laetitia Casta est remarquable à plus d'un titre et nous ne pouvons que ressentir de l'empathie pour cette mère en déroute qui fait du mieux qu'elle peut, et ce dans un contexte familial complexe. Comment reprocher à sa fille de commettre une erreur alors que sa propre vie est complètement dissolue ?

 

A présent, évoquons le rôle de la jeune adolescente, Vanessa Springora, personnage central de cette œuvre auto- biograquique, interprétée avec brio par Kim Higelin, méconnue du grand public même si à l'affiche de la série « Plan B « depuis 2021 sur le canal TFI, et accessoirement petite-fille du chanteur Jacques Higelin, cette jeune actrice, qui joue le rôle d'une adolescente de treize ans bien qu'elle en ait quasiment le double, fait corps avec ce personnage de jeune fille égarée par la vie, ayant grandi avec ce sentiment légitime d'abandon dû à l'absence de figure paternelle et pas forcément très bien dans sa peau.

 

Son refuge, c'est l'écriture et très vite elle y excelle. Cette adolescente représente l'archétype de bon nombre de jeunes, que ce soit dans la génération dans laquelle elle était dans les années 1980, comme dans la génération d'aujourd'hui. La situation de cette adolescente mal dans sa peau et possiblement sujette à ce genre d'émois et ce genre de confusions émotionnelles est intemporel, et c'est là aussi l'une des forces de cette œuvre cinématographique dans laquelle Kim Higelin apporte un jeu tout en finesse, en substance et en grande fragilité.

 

Comme évoqué précédemment, j'avais déjà une petite idée de l'ambiance oppressante qui règnerait tout au long du film, car ce sujet extrêmement sensible implique une préparation mentale pour le spectateur. Il ne s'agit pas là d'une sortie ciné où nous irions à reculons mais plutôt d'une séance où nous savons pertinemment que certaines scènes vont nous heurter, nous choquer même, mais le sujet si lourd, si fort, résonne dans nos esprits et fait écho avec un terme qui ne peut être sciemment évité pour décrire le comportement de cet homme : la pédophilie. Cette dernière est d'ailleurs d'autant plus malsaine que passive, insidieuse et ouvertement publique, ce qui à l'époque ne semblait pas choquer les foules. Pire que ça même : certains aristocrates, tant issu du milieu de la littérature que de celui de la presse, semblaient s'en amuser et glorifiaient les agissements de cet écrivain sous le seul et unique prétexte qu'il était fortement plébiscité dans la sphère intellectuelle et médiatique.

 

SENSIBILISATION ET ÉDUCATION


(c) https://www.femmeactuelle.fr/actu/news-actu/le-consentement-les-premieres-images-du-film-sur-laffaire-gabriel-matzneff-avec-jean-paul-rouve-et-laetitia-casta-devoilees-2160739
(c) https://www.femmeactuelle.fr/actu/news-actu/le-consentement-les-premieres-images-du-film-sur-laffaire-gabriel-matzneff-avec-jean-paul-rouve-et-laetitia-casta-devoilees-2160739

Dans cette œuvre, la réalisatrice Vanessa Filho parvient avec une incroyable justesse et tout en subtilité à retranscrire le rapprochement malsain qui se joue peu à peu entre cet écrivain quinquagénaire adulé par ses lecteurs, salué par le monde littéraire alors qu'il ne cesse de déclarer des insanités dans les médias ou lors de ses passages télévisuels, c'est ainsi que nous réalisons à quel point les mœurs ont quelque peu évolué depuis, dans le bon sens, Dieu merci !

 

De très nombreuses scènes, parfois munies de silence ô combien pesants, s'avèrent dérangeantes mais nécessaires. Elle montrent la façon insidieuse pour ne pas dire perverse avec laquelle cet homme, que nous pouvons véridiquement qualifier de psychopathe, parvient à manipuler cette adolescente mais aussi sa mère, toutes deux captivées par sa réputation d'écrivain moderne et sous l'emprise psychologique d'une fascination destructrice. Non seulement cet homme vil, célébré politiquement et culturellement, réussi à ensorceler, et je pense opter pour ce terme à bon escient, à envoûter même, cette jeune femme en proie aux nombreuses incertitudes physiques et mentales liées à son jeune âge tout autant qu'à son inexpérience, en faisant d'elle sa nouvelle muse, son amante, l'objet de ses odieux fantasmes, avant de progressivement la rabaisser, l'empêcher de se libérer de ses chaînes et tout faire pour la détruire psychologiquement en lui faisant porter l'entière responsabilité de l'échec de leur relation.

 

Vous me direz alors : « Qu'est-ce qui t'auras motivé à assister à cette projection ? Et surtout qu'est-ce qui t'a plu ? «

 

Eh bien, tout d'abord, je tenais absolument à assister à la métamorphose de jeu de Jean-Paul Rouve, qui avait réussi le tour de force de hautement m'intriguer lors de ses récentes interviews où il attestait être toujours perturbé, plusieurs mois après le tournage, d'avoir eu à endosser un rôle aussi abject et pour lequel il ne ressent qu'un profond dégoût. Mon autre motivation était bien entendu les nombreuses critiques, relativement élogieuses, concernant un film au sujet si poignant, si déroutant, qui a attiré mon attention.

 

Je me suis logiquement demandé comment la réalisatrice était parvenue à mettre l'accent sur les atrocités vécues par cette jeune fille perdue ainsi que sa mère meurtrie par son incapacité à intervenir sans tomber dans un climat trop sombre, trop glauque, et ce même si je dois bien reconnaître que l'une des scènes de rapprochement physique entre cette ordure et la jeune étudiante en lettres, particulièrement longue et oppressante bien qu'il n'y ait pas à proprement parler d'images choquantes, m'a fait froid dans le dos et je n'attendais qu'une seule chose : qu'elle cesse !

 

Enfin, je tenais à voir ce film car je considère qu'il est essentiel de dénoncer ce genre de comportements des plus malsains, pour réveiller les consciences, et inciter tout un chacun à se poser les bonnes questions. Et si le visionnage d'une œuvre, certes si sombre de prime abord, peut permettre d'éviter ne serait-ce qu'une atrocité comme dépeinte dans ce long-métrage, alors celui-ci n'aura pas été vain !

 

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