⚖️ SOCIÉTÉ I VERY BAD MOTHER : DU FESTIVAL AU FILM DE CAMILLE LANCRY.


PAR VIRGINIE VAULOUP - 13.03.2023

C'est à la salle forum du centre social Ti Glazik à Briec orchestré de mains de maitre par son animateur socioculturel Gwalarn Raphalen que j'ai eu l'honneur d'assister au film de Camille LANCRY "Very Bad Mother" et de pouvoir échanger avec l'équipe organisatrice du festival "Very Bad Mother".

 

Un film "coup de poing" et une équipe de choc où on y voit des femmes et des mères qui luttent contre le patriarcat et leurs places dans une société encore très "mâles dominants" !

 

Un 8 mars pour célébrer dignement la journée internationale des droits des femmes.

 

 

ÉCHANGE AVEC LOU MILLOUR


(c) Very Bad Mother
(c) Very Bad Mother
(c) Very Bad Mother
(c) Very Bad Mother

(c) Côté Quimper
(c) Côté Quimper

Lou est l'une des co-instigatrices du festival "Very Bad Mother".

 

Pourquoi dis-tu qu'être parent est politique ?

 

LOU : Parce que l'intime est politique, parce que toute la sphère domestique et reproductive est politique. En 2019, quand on a commencé a préparer le festival, il y avait un angle mort concernant la pensée féministe sur le fait d'être parent et d'élever des enfants. Il y avait très peu d'informations sur le sujet, pas de blogs, pas de livres…

 

Nous avons un féminisme qui est anti capitaliste, anti raciste, qui est attaché au droit des personnes non binaires…

On a, à se décomplexer collectivement par rapport à toutes les injonctions qui pèsent sur les femmes. C'est un boulot du féminisme en général et sur les mères qui doivent être de plus en plus "performantes".

 

Être maman solo, les nouveaux modes d'éducations des enfants ?

 

LOU : 80% des mères célibataires sont 100% solo. Les papas ne sont pas présents ou se déchargent complètement de l'éducation des enfants. Il faut inventer et se réinventer des modes de gardes plus solidaires. D'où l'intérêt de se regrouper. Être "ensemble". Oser demander de l'aide à ses proches !

 

Être une bonne maman, c'est quoi ?

 

LOU : La société te fait culpabiliser. On doit être ultra performante ! Tu dois continuer a bosser, avoir une vie de femme, faire des petits plats pour la famille, le ménage, rester sexy tout en ayant un gosse qui te cradosse tout dans la maison ! Bref, c'est un rôle impossible à tenir. Donc, on se pensent toutes être des mauvaises mères … parce que la société nous le dit ! Alors, le mieux c'est de se foutre de ce que les gens pensent. C'est tout ! 

 

Le festival a permis de libérer la parole ?

 

LOU : Cela a permis de faire émerger des outils collectivement pour s'entraider et sortir du schéma où seuls, un papa et une maman, peuvent éduquer leur enfant. Nous devons nous faire des temps de pause pour tenir le coup, partir en week-end ou en vacances sans les enfants, bref, recharger les batteries !

 

Qu'est ce qui te parait le plus difficile dans le fait d'être maman solo ?

 

LOU : Clairement, le manque de temps pour moi ! Et parfois, les interrogations par rapport à l'éducation des enfants aussi parce qu'il y a des moments difficiles quand on est seule à prendre toutes les décisions et d'avoir ce poids éducationnel sur nous seules. 

 

On essaie de faire au mieux pour nos gosses, on essaie de leur transmettre le bonheur, l'amour et la confiance en eux… et des fois, on n'y arrive pas. Et c'est en cela que c'est politique, parce que c'est caché dans la sphère intime.

 

On nous dit : ''oui, la chambre à coucher cela ne nous regarde pas.''

Ben si, cela nous regarde ! Une bonne charge mentale…

 

Un deuxième festival Very Bad Mother ?

 

LOU : Oui, un deuxième ! nous avons garder le label " Very Bad Mother" puisqu'on est identifié comme tel mais le deuxième s'appellera KOZH qui veut dire vieux/vieille en breton. 

 

Ce sera la même structure, des moments collectifs très forts et puis des moments en petits groupes pour discuter de pleins de thématiques différentes sur le fait de vieillir. (l'invisibilisation des femmes de plus de 40 ans, les injonctions à rester jeune, la dédramatisation de la ménopause, sur tout ce qu'on prend dans la gueule sur le fait de vieillir…).

 

On parle aussi sur l'éventuel regret d'être mère, l'IVG …

on est un groupe d'orga de kermesses punks et on passe au thème du fait de vieillir, le 6 et 7 mai à Concarneau.

 

Vous nous prenez pour des "mauvaises mères", oui, très bien, on est des mauvaises mères et nos enfants ont l'air de le vivre plutôt bien !

 

 

LE FILM


(c) Virginie Vauloup
(c) Virginie Vauloup

C'est un film bien évidemment féministe qui donne beaucoup d'espoir pour toutes les femmes. Dès la première minute, on y voit la protagoniste se doucher avec deux petits poussins à côté d'elle à l'attendre ! Ces deux poussins vont être un fil conducteur tout au long du film.

 

Camille (excellente réalisatrice du film) est mariée à un homme qu'elle aime et admire profondément. Leur vie est trépidante, elle se prénomme "Indiana Jones" tellement elle parcourt le monde et fait les 400 coups.

 

Arrive un premier enfant, puis un second. Le bonheur est de courte durée : la vie n'est plus la même… 

 

Le papa est trop souvent absent. Camille est seule avec ses "poussins". Trop seule. A la limite du craquage, elle réfléchit sur un nouveau portrait de femmes et de mères, mariées, célibataires, lesbiennes, porteuses de handicaps…

 

On y voit des portraits de femmes comme Lou avec son hygiaphone au milieu de nulle part à hurler un hymne aux femmes, instant magique !

 

Non, une famille n'est pas uniquement un papa, une maman et la voiture qui va bien!

Une famille, c'est des gens qui s'aiment, qui regardent dans la même direction, un homme/une femme, un homme/ un homme, une femme/ une femme, une famille, des amis/es…

 

Mention spéciale au concert des "chiennes HIFI" qui a été un grand moment de rire et de paroles fortes dans leurs textes. Le film se déroule chez Camille et en parallèle au festival des "Very Bad Mother" à Concarneau. Des débats, des prises de paroles et de décisions, des moments forts.

 


Le film est diffusé sur France 3. A l'heure où vous lirez la chronique, vous pourrez le voir en Replay. A ne pas manquer ! 50 minutes de prise de conscience, de sourires, de solidarité, parfois de gênance et de beaucoup de rires.

 

 

INSTANT PAPOTAGE


Instant questions/réponses avec l'équipe du film et du festival. C'est sans tabous que nous dialoguons. On peut se rendre compte que les femmes portent la famille et peuvent être épuisées, souvent malgré elles. Les mères ont parfois honte d'avouer que, parfois, les enfants prennent toute la place dans leur vie. 

 

Bien difficile de ne pas culpabiliser, quand on pense qu'on ne supporte plus ses enfants !

Quelle est la mère qui n'a jamais pensé : "Bordel, qu'il me casse la tête !"

 

Et vous savez quoi… c'est pas grave, c'est même plutôt normal : cela prouve qu'on est encore vivant (ça, c'est moi qui le dit !)

 

Cela arrive de péter les plombs : tant qu'il n'y a pas de maltraitance, tout va bien ! C'est pour cette raison que le festival existe. Parce qu'il y a des mères qui se sont levées et dit que :

(c) Virginie VAULOUP
(c) Virginie VAULOUP

Oui, élever un enfant souvent seule, c'est extrêmement difficile, 

et qu'il faut être "ensemble" pour s'élever.

 


(c) Very Bad Mother
(c) Very Bad Mother

C'est l'occasion de parler du deuxième festival, qui aura comme nom KOZH qui parlera de l'âgisme.

 

Vieillir… c'est un sacré dossier ! 

 

Ce festival se déroulera à Concarneau les 6 et 7 mai 2023.

 

Avec toujours une approche militante, anti capitaliste, anti raciste, queer, artistique et plein d'humour !

 

Des débats, des concerts, des rencontres…

 

Longue vie au festival !

Longue vie aux Very Bad Mother !