🍿 CINÉMA I ''L'EXORCISTE : DEVOTION'' DE DAVID GORDON GREEN.


PAR PIERRE ALEXANDRE COIC - 23.10.2023

On a donc un côté religieux très présent, mais la thématique du film ne peut pas l'empêcher.
On a donc un côté religieux très présent, mais la thématique du film ne peut pas l'empêcher.
(c) ebay.fr
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Je me souviens encore, étant ado, avoir eu cette satisfaction de louer cette VHS de l'Exorciste au vidéo club du quartier pour me regarder le film avec un pote un mercredi après-midi.

 

J'avais tellement entendu parler de ce film comme ayant traumatisé les spectateurs lors de sa sortie au cinéma, je voulais tenter l'expérience...

 

Bon, même si j'ai trouvé le film excellent, je n'ai pas ressenti cette frayeur que je recherchais, peut-être dû au fait que je ne baignais pas dans un milieu religieux et que ma culture en matière de film d'horreur était bien rodée et que j'avais déjà vu des choses tout aussi flippantes...

 

Mais ce film m'a laissé un excellent souvenir, et je n'ai jamais raté une suite ou un film dérivé sur le sujet, mais qui n'ont jamais égalé l'œuvre originale à mes yeux... Qu'en sera-t-il de ce dernier ? Je vous livre ici mon ressenti, non pas celui d'un critique expert, mais simplement d'un amateur du genre. Attention spoilers...

 

UNE DOUBLE DOSE D'EXORCISME


(c) direct-actu.fr
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(c) gameblog.fr
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Dans cet opus, on a le droit à une double possession : deux amies partent en forêt pour faire un rituel afin d'invoquer l'esprit de la mère défunte de l'une d'entre elles, et bien sûr, ça finit par mal tourner...

 

Un prétexte assez classique mais que je trouve bien amené malgré tout.

 

Cette double possession va permettre de vivre l'histoire sous deux angles différents, un angle où la religion est présente dans la famille, et un autre où elle est absente car rejetée suite à un drame familial.

 

La dichotomie du profil des deux victimes montre que, contrairement à une idée reçue, le malin ne s'en prendrait pas qu'aux personnes pieuses en vue de les détourner de Dieu, mais toucherait tout le monde sans distinction dans le seul but de provoquer de la souffrance dont il semble se nourrir allègrement tout au long du film.

 

Le côté négatif est que j'aurai aimé que ces visions différentes soient encore plus exploitées, je reste un peu sur ma faim à ce sujet. Trop rares sont les scènes qui montrent ces différences dans le vécu de la possession. Je n'ai pas non plus eu l'impression de voir cette possession s'installer progressivement comme dans le premier opus, on arrive directement à une possession totale qui ne laisse pas assez planer le doute chez les protagonistes.

 



''Le film aurait mérité de s'attarder plus longuement sur le sujet,

ce qui n'aurait pas été impossible car il ne dure que 111 minutes

contre 132 pour la version director's cut de The Exorcist.''


LA PLACE DES RELIGIONS


Bien que la religion catholique soit au centre du film, on assiste également à des pratiques vaudou que ça soit durant l'exorcisme qu'au début du film pour un rituel de bénédiction. Le message qui est passé dans ce film, et qui est clairement exprimé juste avant le rituel d'exorcisme, est que ce n'est pas la croyance d'une religion qui importe, mais l'effet qu'elle génère sur les fidèles qui la pratiquent.

 

La religion, comme son nom le désigne, sert à relier les gens entre eux et aussi au « divin », c'est cette union qui procure la force pour réaliser de grandes choses, en l'occurrence ici, réaliser un exorcisme. On notera aussi la grande frilosité de l'Église catholique à procéder à un exorcisme, cette réticence était déjà palpable dans le premier opus, mais dans ce dernier, elle est clairement exprimée donnant le prétexte que les exorcismes se soldent pour la plupart du temps par des décès.

 

Abandonnés par l'institution religieuse, c'est donc aux protagonistes de s'unir au delà de leurs convictions pour pratiquer le rituel. Le film rappelle également que les cas de possessions sont attestés à travers le monde et dans toutes les religions. On peut voir ici une volonté de mettre toutes les religions sur un pied d'égalité et faire passer le message que le plus important ne réside pas dans la croyance en elle-même mais dans la force celle-ci et l'effet qu'elle a sur les hommes pour les amener à faire de grandes choses ensembles. 

(c) premiere.fr
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On a donc un côté religieux très présent, mais la thématique du film ne peut pas l'empêcher et je trouve que la façon dont il est traité est assez cohérente avec la thématique de la possession.

 

UN CLIN D'OEIL A L'OEUVRE ORIGINALE


(c) lescinemasaixois.com
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Ayant adoré le premier film, j'ai beaucoup apprécié de revoir Ellen Burstyn dans le rôle de Chris Mac Neil, ce qui apporte quelques brèves informations sur sa vie après la possession de sa fille Regan.

 

Cependant, là aussi j'ai un goût de trop peu, elle fini quasiment hors jeu après une tentative lamentable d'exorcisme et passe le reste du film déguisée en mouche dans un lit d'hôpital après s'être fait planté un crucifix dans les yeux... Peu glorieux...

 

J'aurai aimé qu'elle apporte davantage à l'histoire en participant activement au processus d'exorcisme et en livrant sa propre expérience pour mettre en garde contre les fourberies du démon...

 

Démon qui dans ce film n'est pas identifié de façon explicite.

 

Pour ce qui est des autres clins d'œils, ils sont anecdotiques, quelques plans qui font penser au premier film, l'incrustation du visage du malin qui aurait pu être plus récurrente, on ne retrouve pas le même niveau de tension que dans le tout premier film... Clairement pas…


QU'EN CONCLURE ?


C'est vraiment difficile d'apporter un avis tranché tant il y a de bons éléments, mais que je trouve trop peu exploités... Un tel film, avec un cas de double possession aurait mérité un traitement plus important et aurait largement pu durer plus de 2 heures sans qu'on ne s'ennuie tellement il y avait de choses à dire, surtout en faisant des liens avec le film original.

 

J'ai un peu l'impression d'avoir eu un film « fast food », c'est pas vraiment mauvais, y'a des éléments sympas, mais c'est clairement bâclé pour faire un produit de consommation plutôt qu'un chef d'œuvre... Et au vue de l'aura que le tout premier film a dans la pop culture, je ne peut être que très déçu...

 

J'ai quand-même pris du plaisir à voir ce film dont j'ai apprécié la fin. Comme je l'ai dit, on n'est pas sur du grand art, on n'est pas au niveau des attentes d'un film qui se prétendrait conclure avec le film original, mais si on le regarde sans aucune attente particulière, on passe un bon moment.


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