📚 LIVRE I ''LA CHAIR EST TRISTE, HÉLAS.'' DE OVIDIE.
PAR VIRGINIE CORDIER - 10.07.2023
J’ai découvert Ovidie avec son podcast La Dialectique du calbute sale (hors-série du Cœur sur la table, Binge Audio). Un épisode de sa vie, où un mec qu’elle rencontre en soirée, se casse de chez elle, à trois heures du matin, en lui laissant un emballage de capote et son caleçon sale au pied du lit. Le lendemain, il lui enverra un texto du style, « c’est pas toi c’est moi » et voilà comment elle se fera larguer par texto.
Dans son podcast, elle analyse cette situation avec de nombreux proches, dont Maïa Mazaurette, autrice, chroniqueuse, blogueuse et connue pour répondre à des questions portant sur la sexualité. Cet acte est décrypté et analysé aussi bien d’un côté masculin que féminin, et les avis divergent.
L’analyse est constructive et fortement intéressante, puisqu’au final, tous les points de vue sont entendables. Combien de femmes se sont retrouvées dans cette situation ? Se faire larguer par sms, après avoir « couché le premier soir » et parce que, même rester le lendemain matin pour partager un café, cela pourrait être assimilé à un engagement de la part d’un homme (c’est ironique bien sûr).
J’ai également découvert le travail d’Ovidie (et Diglee) sur Arte avec ses bandes dessinées adaptées en vidéo de quatre minutes « Libres ! », manifeste pour s’affranchir des diktats sexuels afin de lutter contre les injonctions sexuelles.
Différents sujet sont abordés : la charge mentale contraceptive, harcèlement en ligne, asexualité… Mon préféré étant : « T’as pris ta pilule ? ».
Toutes ces vidéos sont disponibles sur arte.fr.
Mais j’ai réellement découvert la plume d’Ovidie avec son livre « La Chair est Triste Hélas » paru aux éditions Julliard, dans la collection Fauteuse de trouble. Sitôt acheté, sitôt dévoré.
Le « coup de cœur du libraire », là où j’ai acheté mon livre, a étayé ma curiosité. En lisant la quatrième de couverture, on pourrait croire qu’Ovidie voue une rancœur manifeste contre les hommes, mais elle explique qu’elle ne leur en veut pas, qu’elle apprécie leur compagnie mais qu’elle reste sur ses gardes et ne se mettra pas en danger en buvant plus que de raison ou en se droguant à leurs côtés.
Elle y aborde avec brio le fait qu’une relation sexuelle hétéro est un système vénal quoi que l’on en dise. Et que, si l’argent n’est une monnaie d’échange que pour les prostituées, elle considère que de tout temps, une femme aura des relations sexuelles en échange une contre-partie : biens matériels, sécurité ou de l’amour plus simplement. Elle y voit là, une belle hypocrisie.
Elle y narre également l’époque de #metoo, le patriarcat, les relations hétéronormées, puis nous raconte cette fois où son mec a couché avec une jeune femme mais pour lui, il ne l’aurait pas trompé car il n’a pas joui. Elle raconte les recherches qu’elle a fait sur cette jeune femme, dans le but de savoir ce qu’elle avait de plus qu’elle (et probablement que cette jeune femme a fait de même en la stalkant également).
Elle y parle aussi de cette insécurité que l’on a toutes, lorsqu’une femme plus belle que nous entre dans une pièce, cette jalousie ; cette minauderie dans chaque rapport entre homme et femme ; ses anecdotes chez sa psy ; ses réflexions posées et, même si je ne suis pas forcément d’accord avec tout ce qu’elle dit il faut reconnaître que son écriture est fluide et engageante.
Bref, un très bon moment de lecture et je ne peux que vous conseiller de découvrir sa plume...