CINÉMA I " UN P'TIT TRUC EN PLUS " LE FILM ÉVÉNEMENT
P A R R É G I S P E N H O Ë T. - 2 7 . 0 5 . 2 0 2 4
LE FILM QUI A SU TROUVER " SON P'TIT TRUC EN PLUS " !
Vendredi dernier, alors que je demeurais franchement hésitant quant à l’éventualité d’assister à la séance du film « Un p’tit truc en plus « réalisé par l’humoriste Artus ( que je ne connais pas très bien, hormis pour avoir été membre de l’équipe de son quasi homonyme Arthur à la télévision ), je me lance tête perdue dans le superbe Cinéville de Pont-L’Abbé, convaincu par les nombreuses critiques qui ont encensé ce film depuis sa sortie, mais aussi par une ou deux scènes que j’ai pu voir dans les bandes-annonces, lesquelles m’ayant d’entrée de jeu bien plu ( bien que l’on sait tout est tous très bien que, généralement l’essence, même d’un film dans sa bande-annonce, et que parfois ce sont les scènes les plus drôles qui figurent au point dans trouver le reste du film relativement ennuyeux ).
Toujours est-il que je me trouve désormais face gigantesque écran noir et je découvre d’ores et déjà avec grand plaisir que l’acolyte qui accompagne Artus lors de ce périple cinématographique
n’est autre que le comédien Clovis Cornillac, que j’aime beaucoup même si j’ai toujours des difficultés à me rappeler où j’ai vu tel ou tel acteur ( sans « googleliser, cela va sans
dire ! )… À l'issue de petites recherches par le biais de la seule souris que j’accepte de caresser de ma main, il se trouve que le dernier film où je l’ai vu ( et beaucoup apprécié
) date tout de même de 2017… dans la suite de l’adaptation de « Belle et Sébastien « qu’il a par ailleurs produit… un vrai chef-d’œuvre… mais là n’est pas le sujet du jour !
( digression quand tu nous tiens ).
Le sujet qui retient notre attention aujourd’hui, c’est bel et bien l’incroyable et inattendu succès rencontré par le film « Un p’tit truc en plus « réalisé par Artus ( qui est
d’ailleurs son premier long-metrage, chapeau bas ! ) et qui réalise d’ores et déjà et ce depuis sa sortie le Mercredi 1er Mai dernier une véritable prouesse cinématographique en terme
d’entrées en salles ( plus de quatre millions d’entrées à l’heure où je vous écris ces lignes ), soit le plus grand succès de comédie française depuis les Ch’tis de 2008, c’est dire
! Mais alors, à quoi est dû cette formidable acclamation du public ? Penchons-nous sur la question en décortiquant la séance à laquelle j’ai assistée.
UN PARI OSÉ
En premier lieu, il me fallait dépasser mes à-priori, vous savez ceux que l’on ressent généralement lorsque l’on s’apprête à assister à une séance de comédie française au cinéma car il nous arrive bien souvent, ne nous voilons pas la face, d’être terriblement déçus ( je ne citerais bien évidemment pas d’exemples car là n’est pas la question, et je vous laisse vous faire votre opinion ou le cas échéant vous remémorer vos mauvais souvenirs en salles obscures à ce sujet ).
Toujours est-il que ma crainte, je ne vais pas vous le cacher, était la suivante : comment une comédie peut-elle aborder le sujet extrêmement sensible du handicap, sous couvert d’un scénario
ludique, sans prendre l’incommensurable risque de tomber dans les travers d’une caricature dont elle ne saurait se relever ?
Car il faut bien l’admettre, sans briser un quelconque suspense, le synopsis de départ pouvait laisser présager une forte inquiétude : deux braqueurs médiocres qui décident « d’infiltrer «
un groupe de personnes sujettes à un handicap réunies pour un voyage organisé avec comme obligation pour le personnage interprété par Artus de se fondre dans ce groupe en se faisant passer
lui-même pour un handicapé avait de quoi alimenter des craintes. Et c’est là que le pari du comédien, bien connu du grand public pour ses rôles facétieux dans des secondes rôles du cinéma tout
autant que dans son côté trublion lors de ses one-man-shows voire même dans le cadre des émissions télévisées auxquelles il prend part, prend toute son ampleur, dans ce contremploi avec l’image
que véhicule cet acteur qui est autant connu du grand public pour ses talents d’humoriste.
UN FILM AUTHENTIQUE
Les premières scènes passées, digne des plus haletantes scènes d’un épisode policier de feue « Julie Lescaut « , nous voilà donc plongés dans le vif du sujet, l’immersion du personnage de Paulo, qui prend les traits et surtout la place nominative d’un autre bénéficiaire, et ce dans l’optique d’échapper aux autorités avec son complice « LaFraise « , joué par l’excellent Clovis Cornillac qui va se montrer très rude pour ne dire mesquin à l’égard des autres participants du voyage avant de s’ouvrir peu à peu et de fendre l’armure face à la déferlante d’humanité que lui transmet chacun des passagers de ce périple bienveillant.
Du côté du comédien Artus, le pari est d’autant plus complexe puisqu’il doit parvenir à faire rire ( puisqu’il s’agit de prime abord d’une comédie et que le scénario tenant sur une feuille de papier toilette ) et ce en simulant être une personne en situation de handicap, sans forcer le trait et surtout en gardant son humanité, et le moins que l'on puisse dire est qu'il relève le défi haut la main. La complicité entre les pensionnaires du voyage et le personnage baptisé Sylvain n’est pas feinte puisqu’il va de soit, au travers de la forte bonhomie qui se dégage de l’ensemble du film, que celle-ci va bien au-delà des personnages et que Artus montre le plus grand respect pour ses partenaires de jeu, raison pour laquelle le spectateur est vite embarqué dans cette folle aventure qui respire l’humanité, la convivialité, la camaraderie, en un mot, l’espoir !
Il s'agit d'ailleurs de la force majeure du film, imposée par le jeune réalisateur : que l'ensemble du casting soit composé non pas de comédiens, mais par de vraies personnes sujettes au handicap. Et ces derniers s'avèrent authentiques en tous points : à titre d'exemple, Arnaud, le grand fan de Dalida possédant un tatouage à son effigie sur son bras, l'est évidemment dans la vie ! Dans ce film, hormis le Pitch de départ, tout est vrai, et c'est ce qui plaît tant au public conquis !
Le dénouement du film, d’un point de vue scénaristique, n’a pas grande incidence sur notre ressenti en quittant notre siège : nous sommes charmés par ce bon bol d’air qui fait grandement du bien, par la profonde gentillesse qui se dégage de l’ensemble des personnages et surtout par ce sentiment rassurant qu’un film français peut faire passer des messages plus qu’importants tout en nous faisant rire. Que demander de plus !
Pratique : « Un p’tit truc en plus « , toujours en salles actuellement.
